Autrefois, au tout début du monde, lorsque les choses n’avaient pas encore trouvé leur place, le soleil n’obéissait à aucune règle. Il se levait quand bon lui semblait. Certains jours, il apparaissait à l’aube, d’autres fois, il restait caché jusqu’à midi, ou ne se montrait pas du tout.

La terre, plongée dans l’obscurité pendant des heures, vivait dans la peur. Les enfants ne pouvaient aller chercher l’eau. Les anciens restaient silencieux dans les cases, et les animaux s’entrechoquaient dans les forêts, ne voyant plus clair. Les cultures dépérissaient, et les rivières ne savaient plus quand couler.

Un jour, les esprits des anciens se réunirent autour du baobab sacré pour demander au Grand Esprit d’agir. Le monde avait besoin d’ordre. Le Grand Esprit, dans sa sagesse, convoqua alors tous les animaux pour leur confier une mission : celle de réveiller le soleil chaque jour.

— Celui qui saura se faire entendre jusque dans le ciel recevra l’honneur de guider le lever du jour, déclara-t-il.

Les animaux s’avancèrent les uns après les autres. L’éléphant déclina, trop lent. Le lion refusa, trop fier. L’aigle, bien qu’orgueilleux, s’envola sans dire un mot. Personne ne se porta volontaire.

C’est alors qu’un petit coq rouge, timide mais courageux, s’approcha.

— Moi, dit-il en baissant la tête, je n’ai ni force, ni crocs, ni ailes puissantes… mais j’ai une voix. Et je suis prêt à chanter tous les matins, sans jamais faillir.

Le Grand Esprit le regarda longuement, puis hocha la tête.

— C’est toi qui porteras cette responsabilité. Chaque matin, à l’aube, tu devras te lever, grimper au sommet de la case la plus haute, et chanter de toutes tes forces. Si tu le fais avec foi, le soleil t’entendra.

Fier et honoré, le coq se mit au travail dès le lendemain. Avant que la lumière ne perce, il monta sur le toit de la grande case ronde du village et, de sa voix claire, lança un puissant “Cocoricoooo !”

Le cri traversa les collines, frappa les nuages, et alla jusqu’aux oreilles du soleil. Ému par tant de détermination, le soleil se leva doucement, baignant la terre de ses rayons.

Depuis ce jour, le coq se réveille toujours avant tout le monde. Il grimpe, jour après jour, pour remplir sa mission. Et chaque matin, le soleil, fidèle à sa promesse, répond à son appel.


Leçon: Ce conte traditionnel africain nous enseigne que la grandeur ne dépend ni de la taille, ni de la force. Même le plus petit, s’il agit avec courage, peut réveiller le monde.

Dans nos sociétés, chacun a un rôle. Il suffit de le reconnaître, de s’y tenir avec fidélité, et d’y mettre son cœur. Le coq n’est peut-être pas le plus fort, mais il est devenu le gardien du jour.